Lors de cet entretien, Jean-Baptiste Alexanian, psychiatre, nous explique comment faire évoluer les diagnostics de T.S.A., T.D.A.H. et  T.O.C.
Les psychomotriciens sont amenés à intervenir de plus en plus auprès d’enfants diagnostiqués T.S.A., T.D.A.H. ou encore H.P.I. Il est donc essentiel pour les patients, et les soins à leur apporter, d’appréhender la complexité de ces symptômes et se rapprocher d’une prise en charge multi-dimensionnelle.

Cette vidéo fait écho à certaines de nos formations :

Nous allons nous intéresser à une étude intéressante puisqu’elle fait partie d’un mouvement général de la psychiatrie. C’est un mouvement qui s’interroge sur la manière de classifier les diagnostics.

Nous pouvons nous poser la question suivante : est-ce vraiment une bonne idée de vouloir avoir des diagnostics sur une liste de symptômes en psychiatrie ? En sachant qu’un symptôme peut avoir un nombre de causes différentes et de fonctionnements différents. 
Nous allons nous intéresser aujourd’hui à un exemple assez classique dans le domaine c’est le T.S.A. : trouble du spectre autistique, T.D.A.H. : trouble du déficit attentionnel/hyperactivité et les T.O.C. : troubles obsessionnels compulsifs. Points communs et différences des troubles T.S.A, T.D.A.H et T.O.C Il y a énormément de symptômes et de fonctionnements communs dans ces 3 diagnostics différents.

Ce qui peut être problématique, c’est le chevauchement important en termes de symptômes. Aucun de ces 3 diagnostics n’a un symptôme spécifique à une pathologie, un trouble particulier. L’une de ces conséquences, c’est la possibilité de se retrouver avec des personnes qui ont ces 3 diagnostics. Quand on regarde les comorbidités des troubles fréquemment associés au trouble du spectre de l’autisme, les deux premiers sont le T.D.H. C’est logique puisque ce sont des choses qui se ressemblent tellement, sans symptômes spécifiques à chaque diagnostic.

Problèmes rencontrés lors d’un diagnostic

Plusieurs problèmes sont rencontrés lors d’un diagnostic de T.S.A, T.D.A.H et T.O.C. Premièrement, ce qui est souvent observé ce sont les chevauchements dans les symptômes et l’absence d’un symptôme en particulier pour chaque trouble.

Ensuite, à l’intérieur du diagnostic de T.S.A., du T.D.H. ou de celui du T.O.C., les personnes sont finalement très différentes entre elles alors qu’elles ont le même diagnostic. Il y a une hétérogénéité importante de ces personnes en recevant ce diagnostic.  On échoue vraiment à bien diagnostiquer, de façon solide et précise. Autre élément en faveur de ce problème, sur le plan génétique, nous rencontrons un chevauchement entre ces différents troubles et de nombreux gènes communs.

Faire évoluer notre façon de diagnostiquer

Cette étude essaye de démontrer qu’en prenant trois critères : la dimension symptomatique dimensionnelle, l’aspect de morphologie cérébrale et l’épaisseur du cortex, le cerveau, il n’y a pas d’homogénéité dans les personnes qui ont reçu le diagnostic. Les classifications actuelles échouent à identifier un groupe homogène. Cette étude montre également qu’il y a un aspect continu dans tel ou tel fonctionnement psychique et que cela évolue dans le temps. 

Ce que montre cet article, c’est ce problème à créer des critères diagnostics. Ils permettent de retrouver et de sélectionner des personnes qui ont les mêmes problèmes. Les symptômes ne sont pas l’expression la plus concrète des difficultés que rencontrent des personnes et sur la façon de bien définir un trouble.  Un symptôme donné ne correspond pas forcément à un processus, un comportement ou un mécanisme donné. Or ce qui est pathologique et handicapant, ce qui fait souffrance chez les gens qui reçoivent ce diagnostic, ce sont justement ces processus-là. Il faut les identifier et voir les choses plus dimensionnellement.

Prendre en compte l’approche dimensionnelle lors d’un diagnostic

Dans cette étude, il montre que dans les 3 diagnostics qu’on a cité : T.D.A.H, T.O.C et T.S.A. ont en commun des difficultés d’interactions sociales et des difficultés attentionnelles. Il s’agit alors d’une description plus pertinente que la liste des symptômes donnés. Ces études sont les bienvenues, elles permettent une approche dimensionnelle et donc une vision plus en accord avec les pratiques des psychiatres.

Ce qui nous intéresse aujourd’hui, c’est de savoir ce qui n’est pas au point en termes de processus et de voir s’il est possible d’agir sur ces processus. Cela peut être de façon pharmacologique ou lors d’une approche psychotérapeutique. C’est important pour les psychiatres, c’est une pratique dimensionnelle et les classifications que l’on nous demande d’utiliser sont des classifications symptomatiques. Ces classifications ne sont pourtant pas sur des processus ni sur des mécanismes. Elles reposent vraiment sur l’aspect le plus superficiel des choses, en termes d’expression d’un trouble. 

Quel avenir pour la prise en charge des diagnostics de T.D.A.H., T.O.C. et T.S.A.

Les diagnostics de T.S.A., T.D.A.H. et T.O.C. ne vont pas disparaître mais il faut réfléchir au-delà de ces classifications.
Même si cela peut être bien d’avoir un nom de diagnostic car cela est rassurant et permet de s’identifier à quelque chose. Il faut tout de même s’intéresser aux processus qui sont handicapants et qui font souffrir les gens plutôt qu’aux diagnostics qui sont un regroupement de symptômes.