De façon laconique notre proposition est la suivante : le cadre, c’est le tiers.
Ce n’est pourtant pas tout du « tiers » : Le cadre a en effet quelques particularités, s’il est la partie non processus qui conditionne qu’un processus de rencontre et de transformation puisse avoir lieu (José Bleger), il est aussi lié aux enjeux matériels de la rencontre. Une partie de la réalité vient moduler le cadre et ses effets.

Une réflexion sur le cadre théorique fondant une bonne partie du cadre interne du clinicien est également bien utile face aux imprévus que la clinique exige. Quand la propre pensée du clinicien est attaquée, sa capacité à se référer à d’autres devient précieuse. Alors :

Quels autres ? Comment ?

Le cadre clinique lui-même est très lié au précédent, et va orienter ce qui s’exprime dans la rencontre.

Si une médiation est proposée, elle ne peut être neutre dans ce qui se produit dans la rencontre. Le travail en binôme, en groupe, ou avec médiation aquatique pour exemple sont des aspects du cadre clinique choisis et adaptés « avant-coup » qui faciliteront des « après-coup » peu prévisibles au départ.

Enfin une partie du cadre, intime, ne peut être particulièrement mise au travail en formation. Il est impossible pourtant de l’éluder : le clinicien (son infantile) a quelque chose à voir avec la rencontre, avec ce qui se passe. La prise en compte des enjeux du transfert et du contre-transfert sont partie prenante de tout cadre clinique.

Ces quelques aspects du cadre sont à mettre au travail avec ses fonctions, qui peuvent se décliner selon divers auteurs :

  • Didier Anzieu métaphorise le moi-peau et ses fonctions à référer à celles du cadre.
  • Paul-Claude Racamier nous pousse à la réflexion sur les interactions, les garants, les effets du cadre (en institution), ainsi qu’à considérer quelques enjeux des transgressions.
  • Pierre Delion nous oriente sur les fonctions du cadre que nous dirions support du travail clinique (fonctions phorique, métaphorique, sémaphorique).

Ces approches, pour exemple, ne peuvent être exclusives et viennent nourrir les échanges afin que chacun y trouve repère, à chacun son cadre… Celui-ci ne peut être rigide, il conjugue les fonctions maternelles et paternelles, dans une certaine adaptation à la clinique singulière. Le cadre n’est pas une donnée stable, il s’adapte à la singularité de cette rencontre là…

Ce n’est, bien sûr, qu’avec le matériel apporté par les stagiaires que pourra se créer la matière à penser, la matière à travailler et donc à réfléchir ensemble. C’est par l’expérience mise en commun que pourra se cheminer et s’appréhender cette notion de « cadre » et sa fonction.

Au-delà, du cadre individuel posé par chacun, c’est une équipe de soin qui intervient, ensemble, auprès des patients. Il s’agit donc d’une rencontre de plusieurs individualités, porteurs de cadres qui devront s’harmoniser pour faire « cadre » commun.

Mais pas que…, l’équipe de soin est aussi traversée par différentes strates, individuelles (intime/intrapsychique), inter subjectives, trans-subjectives, institutionnelles, sociales…
René Kaës nous aidera à penser ces liens et/ou alliances qui se jouent, à notre su et notre insu.

Ces quelques lignes indiquent les principaux repères qui guideront les formateurs dans leur approche de la formation sur le cadre de soin en institution, mais aussi de la formation violence et agressivité dans la clinique, ou encore, la formation sur la pratique psychomotrice en gériatrie.

Elles font en quelques sorte, premier cadre à celle-ci. Ces formations s’adressent à tout personnel soignant : psychomotricien, psychologue, médecin, cadre de santé, etc.