À partir du paradigme du cahier des charges imposés par l’ARS aux CMPP de Nouvelle-Aquitaine, l’article témoigne des menaces que font peser les politiques publiques de santé sur les institutions. Il s’agit d’une part de comprendre « l’idéo-logique » qui préside au démantèlement des institutions pour favoriser une conception postmoderne du soin où les institutions sont transformées en prestataires de services ; d’autre part, d’analyser ce glissement progressif de la désinstitutionalisation à la « désinstitution » qui menace les fondements du soin psychique dans ses fonctions de reliance, de créativité, de transformation. Ainsi, l’article s’attache à cerner les effets de cette effraction qui infiltre les institutions, les équipes, jusque dans l’intimité de la rencontre thérapeutique. Cette néo-conception qui dénie ce qu’est la réalité psychique, la souffrance, invite à penser des questions pourtant légitimes de la diversité des pratiques, de la place des familles et de l’inclusion des sujets dans la société.