Pour soutenir les parents qui sont en difficulté avec leur enfant, le professionnel va créer avec les parents un « cercle » autour de cet enfant décrit comme difficile. Dans un premier temps, réfléchir au sens des comportements de l’enfant : quels sont les moments les plus critiques ? Quels sont ceux qui à l’inverse se passent bien ? Qu’est ce qui apaise l’enfant ? C’est à travers ce nouvel éclairage, cette nouvelle grille de lecture, que les parents vont pouvoir renouer le contact avec leur enfant et penser à ce qui lui fait difficulté, y compris dans leur relation.

Dans un second temps, en fonction de la difficulté identifiée – éducative, ou psychiatrique – une réflexion pourra s’ouvrir sur l’aide la plus adaptée à lui apporter.

Entretien réalisé lors du 7ème congrès européen de l’A.E.P.E.A. : « Corps à corps. Souffrances du corps et travail psychique chez le bébé, l’enfant, l’adolescent, la famille et les soignants » tenu à Bruxelles en mai 2014.

Comment soutenir les parents d’enfant difficile, retour sur l'entretien vidéo avec Pierre Delion pédopsychiatre et psychanalyste

Dans notre profession de psychomotricien, il est important d’accompagner les parents avec leur enfant. Une réflexion en lien avec notre formation continue de psychomotricien délivrée par l’équipe d’S’pass Formation : « Enfant(s) et parent(s) en Thérapie psychomotrice ».

Créer un cercle autour de l’enfant pour comprendre et aider

Tout d’abord je pense qu’il faut essayer de faire cercle autour de l’enfant difficile avec les parents. Non pas dans une stigmatisation de leur enfant qui leur rend la vie si difficile, mais un cercle dans lequel on va penser. Créer une sorte de premier groupe, dans lequel on va penser que ce comportement de l’enfant est l’expression de sa souffrance.

Dans un premier temps, il s’agit d’accueillir cette difficulté non pas comme étant comme quelque chose qui nous est adresser sur le mode agressif et qui rend les relations difficiles. Mais plutôt une difficulté qui nous est adressée comme une main tendue pour aider l’enfant, alors que quelque fois l’enfant lui-même ne sait pas qu’il a besoin d’aide.

Les parents en général, qui sont avec un enfant difficile, sont pris par une culpabilité intensive, en se demandant « pourquoi notre enfant nous fait vivre ces choses-là ? ». Et s’ils restent dans cette culpabilité, cela ne va pas aider l’enfant. Il faut essayer de transformer cette culpabilité en quelque chose qui serait la responsabilité des parents avec les gens qui viennent consulter, pour aider leur enfant à sortir de ces difficultés.

Transformer la difficulté de l’enfant pour pouvoir agir

Ce 1er cercle va être une sorte d’usine à transformer la difficulté de l’enfant en un signe « aidez-moi parce que moi je n’y arrive plus tout seul ». Ce petit laboratoire qu’on va construire avec les parents sera une surface de travail, pour essayer de penser, de comprendre depuis quand c’est survenu, à quelle fréquence, à quelle amplitude et dans quelle circonstance particulière cela survient ou au contraire cela s’apaise

Ce cercle va permettre de faire une 1ere étude d’observation de ces phénomènes avec les parents pour essayer de comprendre avec eux quelle dynamique sous-jacente à cette difficulté de l’enfant. On se rend compte à ce moment là que les parents rentrent dans un autre processus qui est, non plus d’écrier leur enfant qui est difficile, mais se poser des questions sur « comment peut-on transformer cette difficulté en souffrance et cette souffrance en quelque chose sur lequel on va pouvoir agir ».

Enfant difficile VS enfant concerné par une pathologie pédopsychiatrique

Dans un 1er temps pour tous les enfants qui seraient des enfants dit difficiles parce-que le système éducatif n’est pas suffisamment limitant. Les parents vont se poser des questions sur leur attitude éducative générale et sur ce qui peut être changé pour aider leur enfant à mieux se repérer par rapport aux limites.

Dans un 2eme temps, pour les enfants qui sont concernés par une difficulté en rapport avec une pathologie pédopsychiatrique, ne pas hésiter à se faire aider par des gens qui sont spécialisés dans ce domaine. Ils vont faire un lien entre la difficulté, les symptômes et les possibilités de prise en charge de cette maladie. Les parents vont aussi avoir un rôle d’aide mais dans ce second cas, parce que l’enfant tout seul ne peut pas sans sortir, il a absolument besoin de ses parents.