Article en lien avec la formation « Le cadre de soin en institution » (*)

 

L’Institution est un cadre, elle est elle-même soumise à une politique de Santé impulsée par une Politique nationale de plus en plus imbriquée dans la mondialisation.

L’équipe de soin est, elle, soumise au cadre institutionnel mais aussi à un cadre de soin.

Ces deux contenants/contenus sont imbriqués l’un dans l’autre mais peuvent aussi injecter du paradoxe.

Comment, alors, une équipe de soin peut-elle soigner des enfants souvent en prise au double bind quand elle y est, elle-même soumise ?

Un patient tout seul, ça n’existe pas ; Une équipe toute seule, ça n’existe pas !”

Winnicott dans sa formule princeps : “un bébé tout seul, ça n’existe pas” soulignait à quel point l’environnement du bébé fait partie intégrante de sa psyché naissante. L’environnement devenant le Cadre invisible de son développement.

Il en est de même pour le sujet souffrant qui est accueilli dans un cadre physique et psychique, par des soignants eux-mêmes concernés par ce même cadre.

A l’hôpital psychiatrique Charles Perrens, il y a 20 ans, la Directrice de l’Institut de Formation en Soins Infirmiers, était dans ce même hôpital, panseuse. Il n’y a qu’un pas pour se dire alors qu’Un “pensement”, à l’hôpital psychiatrique est une pensée en action pour faire soin.

Nous pouvons imaginer alors que nous sommes des “panseurs de pensées.”

Pour se faire, il ne s’agit pas de coller un acte ou un pansement, il s’agit de rêver ensemble, collectivement, ce qui se passe dans nos services, pour nos patients, …

Aussi, boire le café, quoiqu’on en dise, fait partie du soin en psychiatrie, c’est partager ensemble des pensées.

Cette “réunionite” selon certains, si elle ne concerne que les soignants ensemble relève bien pour autant d’un travail/opération psychique. Winnicott nous parlerait de la “rêverie maternelle” et Bion de la “fonction alpha.”

Cette mise en pensée commune de ce qui se passe dans les soins est une mise en liaison de ce que le patient ne peut pas, ou plus penser. Nous lui prêtons notre appareil à penser pour qu’il puisse tenter de se réapproprier ce “quelque chose” de sa subjectivité qui lui échappe ou lui a échappé.

Le café se partage… avec les patients, avec l’équipe, l’encadrement, les partenaires….

Il est probablement un lien incontournable pour permettre cette action psychique de mise en pensées ensemble de notre travail du soin qui nous traverse.

Et bien évidemment pour que “ces” pensées soient opérantes, il faut qu’il y ait un contenant/contenu aussi invisible soit-il.

Quand nous pénétrons dans un service de soin, nous traversons un cadre avec notre propre cadre.

Nous sommes inscrits dans un cadre et nous faisons aussi partie du cadre.

Chaque protagoniste a donc en lui son propre cadre, qu’il doit appareiller avec chacun pour permettre qu’un contenant/contenu de soin, plus large, s’établisse.

Nous proposerons au cours de cette formation de mettre au travail ce mouvement, cette réflexion autour des cadres de soins, qui, nous venons de l’apercevoir nous appartiennent et nous dépassent. Cet “au-delà” de nous, bien qu’imposé, nous tenterons d’en penser quelque chose ou tout du moins en supposer… Nous mettrons au travail aussi la fonction de l’encadrement, faisant à la fois partie intégrante de l’équipe tout en étant en dehors, dans une posture de fait en double-bind.

Comment peut-il penser ces traversées avec, et pour, l’équipe et les patients ?

Du patient, à l’équipe, à l’encadrement, à la Direction, à l’institution, à la politique, à la mondialisation, à la globalisation…

Quel soin voulons-nous porter, pourquoi ? et pour qui ?

(*) Animée par Laurent BRANCHARD, Psychomotricien, Psychologue et Maud CABOS, Cadre de Santé, intervenante au Colloque « Soigner aujourd’hui du 15 décembre 2023, à PARIS