En matière de groupe tout peut se voir depuis le petit groupe thérapeutique fermé accueillant un nombre restreint d’enfant en présence d’un seul thérapeute jusqu’au groupe ouvert relativement important conduit par deux voire trois co-thérapeutes. Il peut s’agir de groupe d’enfants, d’adolescents, d’adultes, de tout petits voire même de groupes mère-enfants. La diversité est donc extrême, les objectifs aussi: groupe de soutien, groupe institutionnels, groupe psychothérapeutique, groupe à visée rééducative, etc.

 Malgré ces différences, dans un groupe le corps tient toujours une place centrale puisqu’il est celui par lequel passe les échanges: la position des corps dans l’espace, la tonicité, la capacité d’engager son corps dans la relation à l’autre où dans le jeu sont autant de critères qui permettent de penser la dynamique spécifique du groupe où force est de constater que la régression y joue un rôle essentiel. Pour toutes ces raisons, les psychomotricien se sont investis depuis longtemps au sein des équipes dans le travail de groupe.

Paradoxalement, force est de constater que la formation des psychomotriciens en France nous prépare peu voire pas à l’abord de la clinique spécifique du groupe. Le foisonnement de techniques et de pratiques pourrait faire croire à une richesse inventive et créatrice dans ce domaine, mais l’illusion de créativité est battue en brèche par le manque de recherches et réflexions sur ces groupes et le nombre restreint de publications et ouvrages sur le sujet en est la preuve.

En interrogeant les praticiens sur la cohérence de leur dispositif, nous sommes surpris de constater que le cadre est  rarement déterminé par une théorie ou un projet mais le plus souvent déterminé par la fonction du thérapeute, son goût pour telle ou telle pratique (terre, eau, marionnette etc.) et le plus souvent ede manière totalement empirique et/ou dépendantes des demandes de l’institution (groupe ouvert, fermé, groupe d’observation pour remplacer la liste d’attente, problème de rentabilité etc.).

 Sans référence théorici-clinique précise, le risque est alors grand pour les thérapeutes de construire un dispositif groupal qui répond plus aux attentes de l’institution qu’à un véritable projet thérapeutique. Si les thérapeutes ont une prévision imaginaire du fonctionnement du groupe à venir on observe  dans de très nombreux lorsque le groupe ne se déroule pas suivant leur attente, qu’ils introduisent des changements dans le dispositif, le plus souvent sous forme de passage à l’acte et on assiste parfois à un changement de cadre et de projet qui peut aller du changement de salle ou de matériel à l’ouverture d’un groupe au début fermé.

Cette démarche entretient une confusion récurrente entre les groupes psychothérapeutiques ou rééducatifs et participent à la négation de la reconnaissance d’une technique spécifique de groupe.

Avant d’aborder plus spécifiquement la question de la spécificité de la psychomotricité dans le groupe, il est important de souligner ici ce qui constitue le cadre et la mise en place du dispositif groupal. Dans le cadre de cette présentation je n’aborderai uniquement que la perspective psychanalytique à la quelle je me réfère dans ma pratique. Perspective qui se réfère aux travaux de D. Anzieu, R. Kaës et J.B.Chapelier notamment.

Suite de l’article et de ce qui est travaillé lors de la formation :

  •  Le cadre et le processus de symbolisation dans le groupe
  • Les psychothérapies dans le groupe
  • Les psychothérapies par le groupe
  • Un exemple de dispositif groupal thérapeutique en psychomotricité auprès de jeunes enfants :
    • La mise en groupe
    • L’illusion groupale:
    • La dernière phase repérable constitue une période de re-différenciation
  • De la spécificité de l’approche psychomotrice dans le groupe.

 

Pour conclure

Pour R. Kaës (1) tout groupe s’organise comme métaphore ou métonymie du corps. Dans la mesure où le groupe s’est organisé par la projection dans l’appareil psychique groupal de l’image du corps de ses participants, l’appareil psychique groupal retourne à ceux-ci un corps formé par l’ensemble de leurs projections. L’expérience du groupe nous renvoie à l’expérience de la perte des repères des limites corporelles du Moi. L’enveloppe corporelle individuelle se distend dans le groupe qui fonctionne alors comme « un corps commun  pour tous». Simultanément, s’établissent sur la limite du groupe, les premières démarcations dedans/dehors, incorporable/rejetable, introjectable/projectable.

C’est ainsi que le groupe est représenté comme un corps uni ou divisé : il est composé de membres, de chef (tête), de cellules, il dispose d’un esprit (l’esprit de corps) ; l’idéologie. Le groupe à l’image de la psyché s’étaye sur l’expérience du corps. C’est certainement pour cela que les psychomotriciens ont autant investis les activités de groupe dans les institutio

Article de Marc Rodriguez, Psychomotricien, Psychologue et Formateur à S’Pass Formation

(1) :1993, Le groupe et le sujet du groupe, Dunod