Un entretien avec Roland Gori, psychanalyste et Professeur honoraire de Psychopathologie clinique à l’Université d’Aix-Marseille.

« L’art répond aux besoins de rêve, de sacré, au besoin que le monde nous enchante ».  Mais, l’art n’est pas seulement un objet, une œuvre. Il est partout, dans les berceuses, dans la manière de s’habiller, d’aimer, de vivre. Il est toutes les actions, les paroles symboliques qui relient les humains.

Il est un rempart à la destruction et ce y compris de l’autre. Sans art, sans espace symbolique commun, il n’y a que désolation.

Réflexion sur l’art et sa fonction sociale dans notre vie

L’équipe de S’Pass Formation, organisme de formation complémentaire en psychomotricité, vous propose de visionner un entretien de 2min40 avec Roland Gori. 

L’art comme fonction sociale

« L’art comme fonction sociale finalement, c’est quelque chose d’extrêmement important. Vous savez quelqu’un comme Tolstoï va dire que l’art est fondamentalement articulé à la religion. Le travail de Tolstoï sur la fonction sociale de l’art est très important parce qu’il montre comment l’art relie les hommes entre eux. L’art c’est un peu la religion laïque, car il répond au besoin de spiritualité des humains, au besoin de rêve, de sacré. Il répond au besoin d’exprimer que le monde nous enchante parce que si le monde ne nous enchante pas, c’est cruellement ennuyant. Dans ce cas il ne nous reste plus qu’à le détruire et donc à détruire l’autre. L’art est donc un rempart en somme au terrorisme, c’est un peu la formulation que je proposerai. Il faut aussi préciser ce qu’est l’art ; l’art ne saurait se cantonner aux œuvres ou aux objets, ce n’est pas seulement les sculptures ou les tableaux. »

L’art une manière de vivre

« Tolstoï nous dit aussi que l’art c’est également les berceuses, le folklore, la manière de vivre, de s’habiller, de se positionner, la manière d’aimer et la manière de se parler. L’art c’est toutes ces actions et ces paroles symboliques qui relient les humains entre eux. Si vous enlevez cet espace symbolique qu’il y a entre les humains, vous avez la désolation, le désert, que l’on peut appeler l’esseulement. Vous avez à ce moment-là des individus esseulés, désolés qui sont tout à fait la proie justement de toutes les parties de masse. Ils sont la proie de tous les appareils qui peuvent les prendre en charge, qui leur promettent une reconnaissance aussi bien matérielle que symbolique. Là il y a un danger majeur, c’est pour cela qu’il faut à mon avis, remettre l’art au centre de la vie.

Vous savez il y a une réponse de Michel Foucault en 1983 aux étudiants de Berkeley ; « Je m’étonne toujours, l’art est lié aux objets ou aux œuvres comme si l’individu et la vie ne pouvaient pas être une œuvre d’art. »

Nous avons à faire de nos vies une œuvre d’art. »