C’est bien chaque jour que la clinique et les institutions soignantes ou médico-sociales ont à faire face à l’agressivité et la violence. Ces dernières peuvent venir perturber les fonctionnements collectifs et cliniques, comme parfois ce sont eux qui viennent participer aux répétitions que l’on veut éviter.

Quelle relation de soin ?
Quelle institution pourraient se passer d’une réflexion autour de l’agressivité et de la violence ?

Cette question est un préalable nécessaire, chaque fois à remettre au travail car très dépendant des dynamiques subjectives individuelles et groupales.

L’enjeu dépasse la clinique : Le directeur, le personnel administratif ou technique s’y confrontent également.

Si l’on peut tenter de distinguer agressivité et violence sur des critères théoriques, en particulier selon l’évaluation plus ou moins relationnelle des actes, la lecture clinique de ce qui se passe rend la clairvoyance plus difficile.

Toute relation et donc toute clinique se fait au risque de l’agressivité, parfois de la violence. Que cela soit dans l’histoire :

  • du sujet-patient,
  • du clinicien,
  • de l’institution,

il nous faut bien faire ce constat, nous n’y échappons pas.

Violence et agressivité : Le corps au coeur des enjeux

Les tentatives de destruction comme les attaques beaucoup plus relationnelles sont au cœur des interactions des corps, dans la clinique directe, mais aussi plus largement dans les institutions.

Les processus pulsionnels ont cela de précieux, leurs manifestations peuvent se transformer, s’exprimer de diverses façons, si bien que les processus violents peuvent également être accueillis, transformés en d’autres modalités expressives, ouvrant vers d’autres voies que la répétition d’actes hors pensée.

Le corps est au cœur des enjeux agressifs et violents dès les premiers temps de la vie, violence fondamentale (Bergeret, 1984) dont il faudrait faire autre chose que subir et répéter, agressivité en relation d’objet dont les excitations peuvent trouver d’autres chemins que ceux de l’acte impulsif au plus près du corps, mais en partant de lui.

Si le corps est médiateur d’agressivité et violence, il peut aussi être porteur d’expressions sur d’autres modalités.

La relation appelle toute l’histoire des interlocuteurs dans leur propre investissement de leur corps en relation, agressivité comprise. Les transformations sont possibles, pour peu que les cadres cliniques à médiation du corps cherchent à créer des conditions d’accueil, de médiation selon les processus en jeu. Reconnaître l’aspect inhumain en l’humain, ses aléas et destins, semble bien être une nécessité de chacun, une exigence pour chaque terrain clinique, où les enjeux du corporel nous conduisent au plus près de ces processus.

Laurent Branchard, psychomotricien, psychologue, Docteur en psychologie clinique, enseignant, chercheur associé à l’Université Toulouse 2 et Oloron Sainte-Marie (64).

 

Références bibliographiques :

Bergeret J., 1984, La violence fondamentale, l’inépuisable Œdipe, Paris, Dunod.
Branchard. L., 2017 « Du cataclysme à la guerre : éprouver la rencontre de l’objet », in Psychothérapies, 37(4), 233-243.
Branchard L., 2013 « À la fin de la touche, j’envoie ! », in Thérapie psychomotrice et recherches, 173, 24-35.
Branchard L. ; Pirlot. G, 2011 « De la violence à l’agressivité, du passage à l’acte à la mise en acte, du groupe au sujet », in Revue de psychothérapie psychanalytique de groupe, 56, 201-214.